Megalis Bretagne : piloter le chantier de la fibre autour de l’adresse

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Mégalis Bretagne
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Syndicat mixte de coopération territoriale, Megalis Bretagne a mis en place un système d’information autour de l’adresse pour suivre le déploiement de la fibre. Isabelle Porhiel détaille les enjeux de disposer de données de qualité et l’intérêt pour les communes de mettre à jour leurs Bases Adresses Locales.

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Votre témoignage va nous plonger au coeur de sujets techniques, mais son idée force concerne toutes les communes pour une action très simple : la mise à jour des adresses

 

Isabelle Porhiel : En effet, Responsable du Système d'Informations Télécoms à la Direction du Projet Bretagne Très Haut Débit, je suis confrontée à la complexité des échanges de données entre les acteurs du projet que sont les constructeurs, le maître d’ouvrage que nous sommes, notre délégataire et les FAI. Le référentiel du SNA est un maillon clé de la commercialisation des réseaux construits et il est très dépendant de la maitrise de l’adressage par les communes et la cohérence des différentes bases adresses qui coexistent. Inciter les communes à travailler avec une Base Adresse Locale, constitue un moyen d’échange de données pour fiabiliser nos bases. C’est également une opportunité pour la commune de capitaliser le travail fourni et ainsi constituer un référentiel certifié et pérenne qui alimente la Base Adresse Nationale.

 

Quel est le rôle de Megalis et comment accompagnez-vous les communes sur l’adresse ?

Megalis est un syndicat mixte régional qui porte la maitrise d’ouvrage d’un réseau d’initiative publique du projet Bretagne THD. Notre périmètre d’intervention (hors zones AMII couvertes par Orange et SFR), concerne 1,2 million d’adresses. Le territoire à couvrir est tellement vaste et la temporalité nécessaire pour mener à bien l’ensemble de ce projet, que le déploiement du réseau a été découpé en trois phases.

 

Projet BTHD
Image cartographie générale (Source : Mégalis Bretagne)

La pluralité des acteurs de la phase 1 (fushia sur la carte) a permis de faire un retour d’expérience riche d’enseignement sur la problématique d’échange de données. L’adresse fait partie des nombreuses données techniques que nécessite la mise œuvre d’un tel projet. En faisant réaliser les Relevés de Boites aux Lettres (RBAL) nécessaires au dimensionnement du réseau, Mégalis Bretagne a l’opportunité d’initialiser des Bases Adresses Locales sur les communes concernées par les déploiements.

C’est aussi l’occasion de constater que certains secteurs ruraux, ne font pas toujours l’objet de numérotation et que cela peut poser problème aux administrés pour être effectivement éligibles et localisés lors des opérations de raccordement. En sensibilisant les communes à ces potentielles difficultés, ce sont des arguments qui contribuent à les convaincre de s’approprier la démarche quelle que soit leur taille.

 

Alors vous parlez d’avancée en « peau de léopard », de quoi s’agit-il ?

Isabelle Porhiel : Contrairement à d’autres Régions ou départements, les acteurs publics financeurs du projet breton (EPCI, département, région) ont souhaité un déploiement priorisant l’équilibre territorial. Le résultat se voit sous forme d’un « déploiement en peau de léopard ». Techniquement parlant, cette politique n’est pas sans conséquence car elle induit une complexité de coordination des différents acteurs et des contraintes de reprises et d’échanges de données.

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Les premiers Relevés de Boites aux Lettres (RBAL) remontent à 2014 pour la première phase. À cette date, la problématique de l’adressage fut sous-estimée. Nous n’avions pas pris la mesure des problématiques de raccordement final avant le début de la commercialisation du réseau construit : sans adresse, impossible d’être éligible à la fibre sur les cartes.

 

La problématique de l’adresse a donc surgi comme une urgence 

Isabelle Porhiel : La commercialisation par le délégataire implique que les adresses déployées soient injectées dans son système d’information, et pour cela il est nécessaire que chaque adresse trouve sa correspondance dans le référentiel SNA sous la forme d’un code Hexaclé[1]. Sur la carte, tous les petits carrés noirs représentent les adresses qui vont poser problème, et en général à cause de l’absence de ce code. Les RBAL ont été initiés sur la base des fichiers adresses des impôts. Ces fichiers, de qualité correcte sur le plan de l’exhaustivité, sont moins performants en termes de qualité ou de cohérence avec le référentiel SNA de la Poste. Sur le terrain également, les prestations de RBAL sont de qualité inégale et les opérations de fiabilisation des adresses n’ont pas toujours été à la hauteur de nos espérances.

Au fur et à mesure de l’avancée du projet les adresses s’intègrent dans le système d’information de notre délégataire et commencent à apparaître sur les fichiers IPE[2]. En croisant notre base adresses de construction avec celle issue du système d’information de notre délégataire, nous identifions les fameuses adresses « noires ».

 

[1]Hexaclé : un produit de La Poste qui codifie l’adresse géographique.

[2]IPE : Informations Préalables Enrichies

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Vous disposez désormais d’un outil très complet de suivi de la qualité des adresses

Isabelle Porhiel : Cette évolution est très récente car nous accédons au fichier IPE de façon autonome depuis début le début de l’année seulement. J’extrais ainsi les informations à la périodicité de mon choix, une fois par semaine, et les intègre dans mes bases pour suivre le statut des adresses au plus près. Cela me permet d’affecter à chaque adresse un statut qui illustre l’avancement du projet : stade du relevé de boîte aux lettres, stade où l’adresse est présente dans l’IPE, puis stade où la prise est couverte et enfin stade raccordable lorsque la distribution est générée jusqu’aux armoires et aux maisons. À ce dernier stade, les habitants peuvent contacter leur fournisseur d’accès pour accéder à la fibre.

Grâce à cette mise en cohérence de l’adresse et du fichier IPE, je suis en capacité de suivre en permanence le projet et le statut des adresses associées. Et depuis peu, j’intègre au format texte les fichiers du SNA chaque mois. Je mets en place toute une organisation pour anticiper les difficultés : il arrive que les adresses des communes soient bien réalisées mais que le RBAL soit plus ancien.

 

Je connais la problématique de l’adresse depuis fort longtemps mais les planètes s’alignent depuis très peu de temps. Je suis ravie qu’il existe enfin des outils, la Base Adresse Nationale et les Bases Adresses Locales. Tout est à disposition pour bien travailler et je suis très optimiste. Grâce aux outils mis en place avec l’ANCT, nous arrivons à résoudre les problématiques techniques et opérationnelles et en plus à contribuer à enrichir la Base Adresse Nationale à travers ce type d’action ou l’accompagnement des communes. Au-delà du contexte du déploiement de la fibre, nous disposerons d’un référentiel fiable grâce à la Base Adresse Nationale.

         

Alors justement, comment utilisez-vous les Bases Adresses Locales ?

Isabelle Porhiel : j’injecte les fichiers Bases Adresses Locales des 4 départements bretons, publiées sur data.gouv.fr dans mon système d’information (SI). Cela me permet de constater facilement les Bases Adresses Locales qui se publient, se mettent à jour.

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Par exemple, nous avons travaillé avec la commune de Lanmeur dans le Finistère qui a mis à jour ses adresses et publié une Base Adresse Locale. Environ 75 % des adresses sont présentes dans le référentiel SNA, mais ces adresses ne sont pas toujours cohérentes avec la réalité du terrain. 

La commune a réalisé un travail de vérification du RBAL que nous avons intégré dans la Base Adresse Locale et a numéroté toutes les adresses de façon exhaustive. En fois certifiées par la commune, ces adresses deviennent LA référence. Nous avons contacté le SNA pour nous assurer que cette base certifiée soit prise en compte pour la mise à jour de leurs fichiers. Il nous a été confirmé que La Poste se mettait en ordre de bataille pour exploiter les flux des Bases Adresses Locales.

Mégalis Bretagne a recruté un renfort pour apporter un support méthodologique aux communes et les guider pour la création et la mise à jour de leur Base Adresse Locale.

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Comment procèdent les communes pour mettre à jour leurs adresses ?

Isabelle Porhiel : Certaines communes se chargent elles-mêmes de réaliser les plans de numérotation. D’autres font parfois appel à des prestataires (comme la Poste) pour les aider, mais le travail réalisé n’est pas toujours répercuté dans l’ensemble des bases adresses existantes. Et le SNA n’est pas connu de l’ensemble des communes. Le constructeur de réseaux que nous sommes, subit ce système basé sur l’Hexaclé.

Finalement, Mégalis Bretagne n’a pas la mission première de former les communes de Bretagne pour qu’elles fiabilisent et portent à connaissance leurs adresses. Néanmoins, l’adresse est d’utilité publique et toutes initiatives qui vont dans ce sens, sont à encourager. Les solutions disponibles (Bases Adresse Locale et la Base Adresse Nationale) permettent d’être optimiste car elles sont fonctionnelles !

Le chantier est vaste et ne fait que commencer ...

Adresses de Lanmeur dans la BAN

 

Propos recueillis le 17 mars 2021

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