Somme Numérique-AMF80 : une complémentarité sur l’adresse

Aux côtés des communes depuis l’été 2020 pour les aider à mettre à jour leurs Bases Adresses Locales, Somme Numérique a contacté l’AMF80 pour amplifier son action. Six semaines plus tard, une première formation a réuni une centaine de maires. Et mi-juin près des deux tiers des communes du département. Témoignages sur une « mobilisation-éclair ».

Avec pour l’AMF 80, sa présidente Bénédicte Thiébaut et son attachée de direction Alexandra Lunas et pour Somme Numérique Nicolas Roger son Directeur-adjoint et Alix Onfray sa Cheffe de pôle usages du réseau et gestion des données.
Comment est née cette dynamique sur l’adresse ?
Nicolas Roger : notre syndicat mixte à compétence numérique déploie la fibre dans le département de la Somme. Nous avons constaté de longue date que les problèmes d’adressage engendraient des échecs de raccordement. Alix Onfray avait pour habitude de solutionner systématiquement ces problèmes, mais bien souvent après avoir constaté la difficulté. Pour améliorer notre efficacité, nous avons réfléchi aux solutions nous permettant d’être proactifs et d’agir en amont. Nous avions toujours fonctionné sur le mode du bouche-à-oreille, sans formaliser d’action, sans penser à tisser des partenariats. Nous avons changé d’approche et contacté l’AMF 80. Bénédicte Thiébaut nous a dès le lendemain répondu « préparez vos documents, j’envoie une invitation aux maires et élus à un atelier » ! La dynamique était lancée pour programmer des ateliers de formation des élus par demi-journées.
Et depuis quand travaillez-vous sur ce sujet des adresses ? Quel est le tempo de votre partenariat ?
Alix Onfray : je travaille depuis six ans avec les adresses de la Base Adresse Nationale. J’étais très déçue car la BAN avançait péniblement, associant péniblement de (trop) nombreux partenaires. J’ai traversé six ans de « galères » avec l’adresse, jusqu’à 2020. Tout a enfin changé, s’est clarifié. J’ai pu avancer les adresses de grosses communes dès le mois d’août et lancer le travail avec la première petite commune au mois d’octobre. Ma méthode était de contacter les communes où le sujet de l’adresse était le plus problématique au regard de la commercialisation de la fibre. En janvier 2021, nous avons envoyé un courriel à l’ensemble des communes de la Somme pour leur conseiller de mettre à jour leurs adresses. Faute de recevoir des réponses, nous avons décidé de procéder autrement et contacté l’AMF80 fin mars.
Nicolas Roger : le contact a été immédiatement très positif. Nous avons rencontré Bénédicte Thiébaut le 30 mars et la première séance de formation des maires s’est déroulée le 17 mai, six semaines plus tard. Le temps de monter un document de présentation !
Et comment l’AMF s’est inséré dans le sujet de l’adresse ?
Bénédicte Thiébaut : nous sommes en contact régulier avec Somme Numérique sur bien d’autres sujets. L’AMF80 a saisi cette opportunité pour se rapprocher des maires. La période COVID a distendu les liens et je suis nouvellement élue depuis octobre 2020 : il n’était pas facile d’aller à la rencontre de nos 772 maires. La mise à jour des adresses a constitué une belle opportunité pour rester en contact avec les élus. Comme les maires ont acquis une certaine pratique des visioconférences, nous n’avons pas rencontré de difficulté d’organisation. Il nous a suffi de nous réunir dans les locaux de Somme Numérique, l’AMF80 lançant les invitations et Somme Numérique intervenant.
Combien de maires ont été contactés sur les 772 maires ?
Bénédicte Thiébaut : 732 élus adhèrent à l’AMF80. Les deux premiers ateliers du 17 mai en ont réuni une centaine. Les sessions de ce matin et de cet après-midi en accueillent plus d’une centaine. Finalement, ces quatre sessions auront concerné plus de 200 maires, près des 2/3. Élément porteur avec la visioconférence : un maire en parle à son collègue de la commune d’à côté qui se greffe à l’atelier suivant très simplement. Nous ne sommes pas cloisonnés. L’idée est d’encourager l’émulation et l’intérêt des élus.
Avez-vous rencontré des difficultés, identifié des problèmes ?
Nicolas Roger : il existe toujours des problèmes mais la visioconférence permet très facilement de rebondir et par partage d’écran de les résoudre tout en rendant le sujet interactif. Les questions servent à l’ensemble des participants, dans une ambiance sympathique, de partage de connaissances géographiques. Le problème des uns est souvent le problème des autres, sans forcément que tous osent l’évoquer. La résolution devient concrète pour chacun grâce à la démonstration en ligne.
Nous avons utilisé deux postes informatiques, l’un dédié aux démonstrations sur l’éditeur Mes Adresses en partage d’écran et l’autre aux réponses aux questions sur le tchat - en les lançant au fur et à mesure à l’oral. Les communes ont ainsi vu leurs propres adresses et leurs propres problèmes se résoudre en direct.
Alix Onfray : tout à fait, l’expérience est très positive. Et nous prenons le temps de répondre aux cas vraiment particuliers.
Nicolas Roger : des questions reviennent régulièrement.
Alix Onfray : les élus sont perturbés par les petits points de couleurs et se demandent « pourquoi plusieurs couleurs » ? « Pourquoi un triangle orange » ? Que faire lorsque le bâtiment abrite plusieurs logements ? Nous leur répondons de numéroter jusqu’à trois (bis et ter). À partir de quatre appartements, le bâtiment est un immeuble, traité différemment par les opérateurs de fibre. Les maires ne dépassent par le bis et le ter.
Dans le même ordre d’idée, un maire souhaitait référencer les bornes à incendie et les abribus. Or ces informations ne sont pas adressables dans la Base Adresse Nationale, non plus que les locaux techniques, les transformateurs. Elles sont plutôt à renseigner sur OpenStreetMap.
Vous aidez les communes techniquement lors de ces formations ?
Alix Onfray : j’ai accompagné pas à pas les premières communes qui ont suivi cette formation. Désormais, je leur demande de créer leur Base Adresse Locale et j’interviens en prenant la main sur leur ordinateur en cas de problème.
Nous fonctionnons encore avec des certificats d’adressage et de numérotage, avec deux systèmes parallèles en attendant l’avancée du « dites-le nous une fois de l’adresse ». Nous espérons que l’évolution de l’éditeur, avec le lien adresse-parcelle, va accélérer la reprise des adresses par les opérateurs. C’est un vrai besoin pour que les habitants puissent souscrire rapidement leurs abonnements à la fibre.
Effectivement cette avancée facilitera la réutilisation des adresses pour les DDFiP, le sna de La Poste, certains opérateurs qui utilisent les parcelles pour déployer la fibre. Le format BAL 1.2 prévoyait ce lien adresse-parcelle, c’est chose possible avec l’éditeur Mes Adresses.
Avez-vous des souhaits ou des retours ?
Nicolas Roger et Alix Onfray : un retour unanime sur la simplicité de l’outil. Voici un cas très évocateur : un élu n’était pas à l’aise avec l’outil informatique et ne parvenait pas à renseigner le nom de sa commune à la création de sa Base Adresse Locale. Il a réussi à réaliser son adressage en une semaine complète.
Il ne savait pas du tout utiliser l’outil informatique ?
Nicolas Roger et Alix Onfray : il était peu à l’aise effectivement ! Et de surcroit la commune de Rollot est assez importante avec 800 adresses à réaliser. L’élu s’est pris au jeu. Une fois que les maires s’y mettent, ils y arrivent. Il faut un peu de volonté, l’envie de bien faire et ils en ont ! Effectivement les participants sont essentiellement des maires et des élus.
Nicolas Roger : il serait intéressant d’ajouter une case « fonction du déclarant » à la création de la Base Adresse Locale pour disposer d’un retour sur les profils « utilisateurs ».
Propos recueillis le 4 juin 2021. Témoignage publié le 28 juin compte tenu du contexte électoral.